R@L met Jean Levaux à la tête de sa liste

Une page va se tourner à Fourons, avec le retrait de la vie politique de José Smeets, le dernier bourgmestre francophone de la commune, de 1995 à 2000. Et après concertation interne, c’est le conseiller Jean Levaux qui a été choisi cette semaine pour conduire la liste R@L (Retour aux Libertés) aux élections communales du 14 octobre.
«C’est une lourde responsabilité», avoue-t-il.
Il l’aborde avec une expérience certaine, puisqu’il siège sans interruption au conseil communal depuis l’an 2000. Avec chaque fois un score très honorable : 428 voix en 2000 ; 511 en 2006 ; et 465 en 2012, ce qui faisait de lui le premier élu derrière José Smeets, échevin francophone depuis le changement de majorité, crédité, lui, de 668 voix.
Les autres conseillers francophones seront en principe tous repartants : Grégory Happart, également envisagé comme tête de liste, Benoît Houbiers et Roger Liebens, qui a pris le relais, en cours de mandature, de feu Armel Wynants.
On devrait retrouver sur cette liste Marie-Noëlle Kurvers, conseillère communale de 2000 à 2012. Première suppléante francophone, au cours de la présente mandature, elle s’était effacée au bénéfice de Roger Liebens, qui avait récolté une voix de plus qu’elle (345 contre 344).
L’objectif de la liste francophone sera d’au moins maintenir ses positions. Tête de liste, Jean Levaux ne sera pas nécessairement échevin de l’opposition : à Fourons, les échevins sont directement élus par la population.

Philippe LERUTH dans L’AVENIR – LE JOUR du 28 avril 2018

Des révélations sur la liste flamande

Deux listes seront à nouveau face à face à Fourons, en octobre, et, du côté flamand, le bourgmestre, Huub Broers, affiche sa volonté de rajeunir les cadres.
« Six de nos dix conseillers ont plus de soixante ans, a-t-il expliqué à des confrères néerlandophones. Mais nous avons signé une convention selon laquelle, à la fin 2021, au conseil communal seul un élu sur cinq aura plus de cet âge ».
Le coup de balai devrait concerner le mayeur fouronnais lui-même. « C’est aux électeurs de décider, concède-t-il, mais j’aimerais rester bourgmestre. Jusqu’à mes septante ans. Car, à ce moment-là, je célébrerai mes vingt ans de mayorat ». Pour être plus précis : Huub Broers affichera vingt ans de mayorat au début 2021, et fêtera son septantième anniversaire, le 5 décembre de la même année. En attendant, cap sur les élections communales du 14 octobre, avec, côté flamand, une liste Voerbelangen rajeunie, emmenée par Huub Broers, et où se retrouveront les mandataires sortants Yolanda Daems et Rik Tomsin. Plus Hilde Broers, fille du bourgmestre, qui devrait «rempiler» au CPAS, et Shanti Peerboom-Huynen, nièce du mayeur, déjà candidate en 2006 et 2012.
Les nouveaux venus se nomment Lizzy Buijsen-Baillen, 49 ans, membre de l’ASBL de l’école Saint-Joseph à La Planck;  Steven Heusschen, 35 ans, fils de l’actuelle conseillère Marina Heusschen, qui ne se représentera donc plus; Joris Gaens, 30 ans, informaticien, fonctionnaire à la Région flamande, fils de feu Willy Gaens, conseiller CPAS ; et Alicia Dodémont, 24 ans, responsable du service d’aide à l’éducation, au guichet social de l’Administration communale.
Avec l’échevin William Nijssen, à nouveau en lice, mais sans doute pas l’échevin Jacky Herens, le président du conseil communal, Jean Duijsens, et l’ancienne cheffe de groupe, Annemie Palmans-Casiers, la liste est presque complète.
« Il manque encore une femme », a annoncé Huub Broers, dans un appel sur Facebook… ■ Phi. Le.

Un article de Philippe LERUTH dans L’AVENIR-LE JOUR du 27 avril 2018.

Qui représente les « citoyens francophones de Flandre belge »

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« Le Quotidien » est le nom du grand journal francophone de référence publié à Luxembourg. Dans son édition datée du 27 septembre dernier, on y découvre une information surprenante – en fait l’éditorial de politique internationale signé Claude Damiani -, surprenante du moins pour nous citoyen belge francophone, et donc lecteur tout à fait occasionnel de ce journal luxembourgeois. C’est intitulé: « Condamnez les propos de l’AfD! ».

L’article fait référence au nouveau parti d’extrême droite, se revendiquant ouvertement du néonazisme, et qui a obtenu le score étonnant, effrayant même, de treize pourcent des voix aux dernières élections législatives de l’Allemagne fédérale (emportées comme on sait par la CDU, le parti des sociaux chrétiens allemands conduit par la chancelière Angela Merkel).

Mieux qu’une présentation, reproduisons tel quel, sans en retirer un iota, l’éditorial en question. Le commentaire viendra après.

AfD et six Etats germanophones

Aujourd’hui se tient, au Grand-Duché, la 14e réunion informelle des chefs d’Etat des pays germanophones. Après la Belgique, l’année passée, c’est au tour du Luxembourg d’être le pays hôte de ce sommet, qui accueillera des personnalités de tout premier rang sur son territoire. En effet, sur invitation du Grand-Duc Henri, pas moins de cinq chefs d’État seront de cette réunion, devenue incontournable au fil des années. Ainsi, le Grand-Duché aura l’honneur d’accueillir le roi Philippe de Belgique, le président allemand Frank-Walter Steinmeier, le président autrichien Alexander Van der Bellen, la présidente suisse Doris Leuthard et le prince héritier Alois von und zu Liechtenstein, qui seront accompagnés de leurs conjoints respectifs. Si « l’ édition 2016 » de cette réunion, qui s’était déroulée dans la capitale de la communauté germanophone de Belgique, à Eupen, avait, notamment été placée sous le signe de la lutte contre le chômage des jeunes en Europe et sur l’encadrement des jeunes à besoins spécifiques, la réunion d’aujourd’hui se concentrera, elle, sur « l’immigration et l’intégration ».

Parallèlement aux discussions afférentes à cette thématique, les chefs d’Etat des pays germanophones évoqueront l’actualité européenne à bâtons rompus.

prendre position

Dans ce cadre, et bien que la réunion revêtira un caractère informel, ce sera l’occasion unique pour les chefs d’État germanophones de prendre position sur la percée historique du parti populiste anti-immigration de « l’Alternative für Deutschland » (AfD), qui est devenu, dimanche, la troisième force politique d’Allemagne en raflant 94 sièges d’un coup pour son entrée au Bundestag. Le président Frank-Walter Steinmeier, qui est également l’ancien ministre fédéral allemand SpD des Affaires étrangères, aura certainement à cœur de mettre la « question AfD » à l’ordre du jour.

Car s’il faut, bien évidemment, respecter le vote démocratique de tous les citoyens allemands, les propos nauséabonds, racistes et islamophobes de l’AfD devront forcément être condamnés. Sachez, messieurs les chefs d’État, que la majorité de la population allemande et européenne attend que vous condamniez 1a rhétorique de l’AfD qui, elle, n’a pas sa place dans une UE démocratique.

Prodigieusement intéressant! Car vous avez bien lu:

  • 1) la Belgique est considérée comme un Etat germanophone. Certes, l’allemand est, tel que le mentionne la Constitution belge, l’une des trois langues officielles…parce qu’il existe en Belgique, depuis 1919 et le Traité de Versailles, un groupe de communes frontalières de l’Allemagne rattachées à la Belgique après référendum, ce groupe constituant une « communauté » linguistique de 80.000 habitants (sur les 11 millions de Belges). C’est fort bien ainsi et c’est parfaitement démocratique. Mais dans la partie néerlandophone de la Belgique, qui représente moins de la moitié du territoire national, il y a aussi environ 350.000 francophones (dont plus de 100.000 autour de Bruxelles)… qui ne sont pas reconnus comme « communauté » et n’ont pas droit à revendiquer l’identité culturelle qui est la leur. Ils ne peuvent pas demander ni a fortiori accepter – et on ne relève aucune disposition semblable dans les règlements nationaux, où que ce soit dans le monde même dans les pires républiques bananières – une aide financière ou matérielle émanant de leurs compatriotes francophones des deux autres « Régions » reconnues: la bruxellois et la wallonne. Autrement dit, sur le plan international et diplomatique qui est celui de la « Réunion des Chefs d’Etat » précitée, le chef de l’Etat belge devrait aussi être, de manière officielle et protocolaire, celui représentant cette minorité numériquement importante (l’équivalent de la population de Malte, un Etat souverain) composée des « citoyens francophones de Flandre belge ».
  • 2) Vous avez-bien lu aussi que ces six chefs d’Etat germanophones européens (Allemagne, Autriche, Suisse, Lichstentein, Grand-Duché de Luxembourg, Belgique) « sont appelés à prendre position sur la percée historique » d’un parti politique important (l’AfD devenu le troisième d’Allemagne, le pays phare par excellence de l’Union européenne). Et dans ces six chefs d’Etat ou de gouvernement, il y a donc aussi… le roi des Belges, Philippe 1er. Mais il y a un « hic ». Chez nous, le roi est réputé irresponsable politiquement. Evidemment on peut se poser la question (en l’absence de tout écho médiatique dans la presse belge): est-il vraiment allé le 27 septembre 2017 à Luxembourg? Y a-t-il pris la parole? Dans ce cas, ses propos ont-ils été couverts par un premier ministre belge (dit « rampant » parce que, comme on sait, il est étroitement lié au sein de la coalition dirigeante à un parti nationaliste, séparatiste, qui s’est par ailleurs réjoui des revendications indépendantistes en Catalogne, et dont plusieurs membres éminents siégeant au gouvernement belge professent des idées proches de celles de l’AfD?

où chercher l’erreur?

Ceci nous donne l’occasion d’évoquer ce qui ressemble, pour certains, à un « cas politico-social » au sein de la famille royale belge, le prince Laurent de Belgique. Ce dernier se voit brimé, humilié, privé d’une partie de sa dotation (autrement dit de ce qui lui tient lieu de salaire) pour, simplement, ne pas avoir demandé la permission à un chef du gouvernement, dont on sait qu’il est particulièrement impopulaire, pour ne pas dire plus, au sein de la majorité des habitants de Wallonie et de Bruxelles, d’assister à une réception à l’ambassade de Chine. Nous ne parlons pas ici du bien-fondé ou non de sa décision, toute personnelle et sans doute inopportune, de répondre à une invitation pour le moins incongrue quand on sait qu’elle émanait de l’Armée populaire de libération, qui est en Chine un immense appareil répressif permettant la survie de la plus grande dictature de la planète. Nous parlons du respect de la personne, de l’honneur, de la dignité d’un membre de la famille régnante et de ses proches. Le prince Laurent est – avec d’autres membres vivants ou décédés de la dynastie belge – sans doute l’un des rares qui ait su préserver son indépendance de comportement et de jugement, son droit à défendre une opinion en toute liberté.

Ce genre d’attitude, on l’observa d’ailleurs aussi au cours des dernières années du règne du père du prince Laurent, le roi Albert II, qui, dans un discours de Noël à la nation, n’hésita pas à mettre en garde ses compatriotes contre le risque d’une résurgence des périodes noires de notre histoire (la montée du fascisme dans l’entre-deux-guerres, Ndlr). On suppose qu’en cette occasion-là aussi, le roi Albert n’avait pas demandé comme un gentil petit garçon modèle la permission à son « tuteur » le premier ministre belge de l’époque, Herman Vanrompuy, lequel, nous n’en doutons pas, l’avait sûrement « couvert ».

Preuve de la force de caractère du prince Laurent: convoqué « au rapport » par le chef du gouvernement rampant, il a excipé un certificat médical pour ne pas devoir y aller (et de se faire représenter par son avocat)… exactement comme l’ont fait récemment devant leur direction les pilotes de ligne de la Lufthansa, qui ne pouvaient prendre le risque de se mettre en grève. Et, dans la foulée de ce qu’a affirmé ces jours-ci Etienne Davignon à une chaîne de télévision, se disant sûr, à l’écran, que le prince royal est vraiment malade (et quid s’il-vous-plait du secret médical? ), considérons plutôt que le prince Laurent de Belgique n’a pas, en face du représentant d’un gouvernement rampant, à rendre public le contenu de son dossier médical ou à produire des attestations sur le niveau de gravité de son état de santé.

La morale de cette histoire, et de celle qui la précède, sera inspirée de l’observation raffinée et pleine de sagesse du fabuliste Jean de la Fontaine: « selon que vous serez puissant ou misérable, selon que vous serez citoyen belge estampillé néerlandophone ou seulement simple citoyen francophone, les jugements de cour seront blancs ou noirs… »

(Editorial du Magazine de l’UPF-B du quatrième trimestre 2017 – L’ UPF-B est l’aile belge de  L’UNION INTERNATIONALE DE LA PRESSE FRANCOPHONE) 

Via plusieurs pirouettes, l’intercommunale liégeoise échappe, avec la complicité de Voerbelangen, au cadre légal régional.

La chronique est longue et ardue. A tel point que même nos interlocuteurs, experts du dossier, semblent s’y perdre. En réalité, cela fait plus d’une décennie que le phénomène est dénoncé cycliquement au sein du monde politico-économique wallon. « La nébuleuse Nethys et ses pratiques conduisent à abîmer la démocratie », peste d’emblée une source parlementaire régionale. 

Et de planter le décor : « Le groupe Nethys/Brutélé (Voo) échappe depuis plus de dix ans au droit wallon. Son actuel directeur général, Stéphane Moreau, par ailleurs bourgmestre socialiste de la commune d’Ans, multiplie les entourloupes afin d’échapper aux législations wallonnes en matière d’intercommunales et d’interrégionales ainsi qu’au contrôle de la tutelle. »

Pour bien com prendre l’enjeu, il faut remonter en 2005. A l’époque, c’est l’ALE, l’Association liégeoise d’électricité, qui est en charge de la distribution d’électricité dans la Cité ardente ainsi que dans quelques communes de la province de Liège (jusqu’à son intégration au groupe Tecteo sous le nom de Resa Electricité à la fin des années 2000).

Lorsqu’il prend les commandes de l’intercommunale, Stéphane Moreau décide d’y faire entrer la commune des Fouronscommune à facilités enclavée en Région wallonne mais rattachée depuis 1963 à la province flamande du Limbourg. L’objectif : se mettre à l’abri des règles wallonnes en matière d’intercommunales et ainsi échapper à la disposition décrétale régionale de l’époque qui interdisait aux directeurs d’intercommunales d’être en même temps bourgmestre d’une commune wallonne. « En incluant les Fourons dans l’opération, Stéphane Moreau et l’ALE contournaient ainsi le droit wallon et le contrôle de tutelle », s’offusque une source proche du dossier. 

Ceci, au nez et à la barbe des autres directeurs d’intercommunales qui s’étaient pour leur part soumis aux règles alors en vigueur. Au cours des années qui suivront, ce cas singulier d’ »ingénierie » fera l’objet de multiples débats animés au sein du Parlement wallon ainsi qu’avec les autres régions du pays. Le but ultime donc : récupérer la tutelle et l’application du droit régional sur l’ALE.

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