Décès de Marcel Levaux

Nous venons d’apprendre le décès dans sa 81e année, jeudi après-midi 7 juin 2006 à Herstal, de M. Marcel LEVAUX, ancien dirigeant du PCB-KPB, ancien député de Liège. Fidèle parmi les fidèles à la Fête du Peuple fouronnais, il n’a pas manqué beaucoup de nos rendez-vous.

 

Marcel LEVAUX était né à Liège le 19 juillet 1926, dans une famille ouvrière sans opinions politiques affirmées. Marqué par l’enseignement patriotique reçu tant de l’instituteur communal que du curé de Souverain-Wandre et aussitôt sorti, en 1941 à l’âge de 15 ans, de l’École technique provinciale de Herstal pour devenir apprenti au Chantier naval de Liège-Monsin, il veut y défendre sa patrie contre l’occupant nazi. C’est ainsi qu’il entre en contact avec le comité de lutte syndicale (CLS) clandestin de cette entreprise et, à travers lui, avec les militants communistes.

Levaux

Adhérent au Parti en février 1942, il milite activement dans la résistance, à travers la diffusion de la presse clandestine, l’action syndicale et le renseignement. Membre de l’Armée belge des Partisans à la Libération, il s’engage comme volontaire de guerre au début de 1945 pour participer à la phase finale de la guerre et aux débuts de l’occupation de l’Allemagne. Pour son action dans la résistance et dans la libération de l’Europe, Marcel LEVAUX a été décoré de la médaille du Volontaire de guerre 1940-1945, de la Médaille d’Auxiliaire de 2e classe du Service de Renseignement et d’Action, de la Médaille commémorative de la guerre 1940-1945 avec deux éclairs entrecroisés, de la Médaille de la Résistance et de la Décoration militaire de 2e classe.

Revenu en région liégeoise en 1946, Marcel LEVAUX reprend ses activités professionnelles de traceur au Chantier naval, ainsi que ses activités syndicales à la Centrale des métallurgistes de la FGTB (il sera délégué syndical) et ses activités politiques à la section de Cheratte du Parti Communiste. Il contribue aussi à la création et à l’action des sections de Blégny, Housse, Wandre et Saint-André. Son activité débordante, sa formation théorique d’autodidacte acquise par une pratique énergique de la lecture, lui valent d’entrer au comité de la Fédération liégeoise du PCB dès 1947. Cette même année, il entre, comme traceur toujours, à la section trolleybus et motos de la Fabrique Nationale de Herstal, dont il est secrétaire politique l’année suivante, alors que la répression patronale s’abat sur la majeure partie des militants communistes de l’entreprise. Seul communiste encore en place dans sa section en 1949, il continue de militer par la diffusion du Drapeau rouge, par l’action syndicale et par la participation aux luttes anti-léopoldistes. Il le paye d’une brève période de chômage après laquelle il entre dans une chaudronnerie de Chênée, dans laquelle il travaillera jusqu’en 1951 date de son mariage avec Maria Krawezyck, jeune couturière de Cheratte d’origine polonaise (dont il aura une fille), et de son admission dans le cadre permanent du secrétariat national d’organisation du PCB-KPB.

Marcel LEVAUX milite alors aussi à l’Union Belge pour la Défense de la Paix, créée suite à l’Appel de Stockholm lancé en 1950. Il participe à toutes les luttes du mouvement de la paix et du Parti communiste. En 1957, il est élu membre du Comité central du PCB-KPB et devient en même temps le responsable national de la Jeunesse Communiste de Belgique. Dans ce cadre, il participe à la lutte des Congolais pour l’indépendance, grâce à l’amitié qu’il a nouée avec Patrice LUMUMBA, futur premier Premier ministre du Congo indépendant. En 1963, Marcel LEVAUX revient à la direction nationale du PCB-KPB, entre au Bureau politique du parti et devient secrétaire national à la propagande. Trois ans plus tard, à l’issue du 17e congrès du PCB-KPB, il est nommé directeur politique du Drapeau Rouge, fonction qu’il assume jusqu’en 1968. Élu cette année-là, lors des élections législatives du printemps, député suppléant de Liège, il est appelé à remplacer à la Chambre, le 22 octobre 1968, le président du PCB-KPB et député de Liège, Ernest BURNELLE, décédé durant l’été. Devenu en 1969 secrétaire politique de la Fédération liégeoise du parti, Marcel LEVAUX est élu conseiller communal PCB de Cheratte en octobre 1970 et est nommé, en avril 1971, bourgmestre de sa commune à la tête d’un collège tripartite, fonction qu’il assumera jusqu’à la fusion des communes de 1976, pour le plus grand bien et avec la reconnaissance de la population et de ses concurrents politiques. Au Parlement (et également au Conseil culturel de la Communauté culturelle française à partir de 1972), il intervient souvent et dépose plusieurs propositions de loi, sur les droits syndicaux, les lois sociales, la fiscalité et les finances communales. Celles dont il sera le plus fier et pour lesquelles il ne cessera de lutter, dans puis hors du Parlement, sont relatives à la durée légale du travail et aux droits de vote et d’éligibilité des immigrés. Durant sa dernière mandature (1978-1981), il est par ailleurs président du groupe parlementaire PCB-KPB et siègera brièvement (1980-1981) au Conseil régional wallon créé par les réformes institutionnelles de 1980.

Au sein du PCB-KPB, la Fédération liégeoise dont il est un des principaux dirigeants s’était retrouvée dès le début des années 1970 dans une attitude critique vis-à-vis des positions défendues alors par la majorité du Comité central du PCB. Marcel LEVAUX n’est pas réél
u au Bureau politique et au Secrétariat national en 1973 (il ne retrouvera le BP qu’en 1986). En 1976, lors des premières élections aux conseils des communes fusionnées, il est élu membre du Conseil communal de la ville de Visé et le restera jusqu’aux élections de 1988. Il y faisait partie d’un groupe avec son copain Jean Leclercq qui disait, avec l’humour qu’on lui connaissait, qu’il fallait bien que « Levaux soit accompagné par son vétérinaire ».

 

Entre-temps, il est devenu président de la Fédération liégeoise du parti. À partir de 1977, en ses doubles qualités de parlementaire et de président de la fédération, il est le porte-parole du PCB lors des Fêtes annuelles du Peuple fouronnais.

La fédéralisation progressive du PCB ayant donné naissance à des instances propres pour les fédérations wallonnes et francophones, Marcel LEVAUX est membre des Conseil, Bureau et Secrétariat wallons et francophones du PCB de leur constitution (1983) à leur remplacement par les organes du Parti Communiste (de Wallonie et Bruxelles) en 1989. De 1989 à 1995, il est par ailleurs membre du Conseil général et du Bureau de l’Union des Communistes de Belgique, en même temps qu’il est invité permanent et membre honoraire du Bureau politique du PC. Ses derniers mandats, de membre du Comité central du PC et de président de la Fédération liégeoise, avaient pris fin en 1998. Retraité actif et toujours militant depuis, Marcel LEVAUX avait continué son combat en faveur de l’attribution du droit de vote et d’éligibilité pour les immigrés. Il avait soutenu, en 2000, ceux de ses camarades liégeois qui avaient figuré sur les listes PS à Liège et à Visé. Il avait fêté ses noces d’or cette même année.

Marcel LEVAUX aura également été un passionné de lecture et d’action culturelle. Il a joué un grand rôle dans la Fondation Joseph Jacquemotte, qu’il présida durant plusieurs années. Il était enfin l’un des membres fondateurs, en décembre 2000, du Centre des Archives Communistes en Belgique asbl et lui avait légué une importante bibliothèque et de précieuses archives.

Grand humaniste, grand démocrate, grand militant, Marcel LEVAUX laissera le souvenir d’un homme aux convictions chevillées au corps et à l’humanité débordante, cultivant l’art d’être grand’père. La maladie d’Alzheimer, qui l’avait frappé depuis quelques années, aggravée par la disparition de son épouse à l’automne dernier, nous l’enlèvent.
 
(D’après un texte de Milou Rikir, archiviste au Centre des Archives Communistes de Belgique – CARCOB).